Dès l’âge de trois ans, nous déposons nos bambins à l’école où ils vont acquérir un certain savoir et surtout apprendre la vie en collectivité. Mais le temps où nous pouvions leur faire une bise sur le front et partir l’esprit tranquille est révolu. La société a évolué et l’insécurité s’est déplacée dans ce sanctuaire autrefois sacré. Nous constatons que l’école n’est plus aussi sûre. Les sociologues parlent alors de violences scolaires.
Il n’est pas aisé de définir la violence car il n’existe pas une violence, mais des violences. Les agressions physiques, les agressions verbales et les atteintes aux biens constituent le lot quotidien des personnes qui fréquentent ces établissements. De plus cette violence atteint toutes les personnes sans distinction, les élèves, les professeurs et le personnel administratif ou de service.
- Le constat : pourquoi et comment en sommes nous arrivés là ?
- Les formes de manifestations : à quoi ressemble la violence et qui touche-t-elle ?
- Les solutions : avons-nous les moyens de la prévenir et de la guérir ?
Voilà, des questions que nous nous posons tous, car nous cherchons tous à préserver nos enfants de cette violence.
Pourquoi et comment en sommes nous arrivés là ?
La violence est ancestrale, elle fait partie des émotions associées à la peur et à la colère. Ce sont des émotions primitives qui répondent à une situation de menace, d’injustice, de tristesse. La violence est donc la réponse à ces agressions émotionnelles. Au cours de notre éducation, nous apprenons à nous réfréner, à nous contrôler. Nous savons que d’autres réponses existent telles que le dialogue ou le consensus. Mais nos enfants ne possèdent pas encore le discernement nécessaire pour évaluer correctement les notions du bien et du mal.
A la maison :
Nous ne sommes plus seuls à faire leur éducation. Nous vivons à cent à l’heure, toujours pressés, toujours stressés et la télévision est devenue notre nounou privilégiée. Elle est disponible dès le réveil de nos chérubins et cela sept jours sur sept. Ils se lèvent, allument la télé et commencent leur journée avec Pokémon, Digimon, Power ranger etc. Plus d’enfants qui sautent sur notre lit à 7h00 du matin. Le cinéma apporte également son lot de héros, Terminator, Robocop, Men in Black, redoutables justiciers, ultra-violents qui cognent toujours avant de causer. Les morts tombent, retombent d’un film à l’autre et ne meurent jamais. Pour les enfants, mourir c’est revenir au prochain film.
A l’extérieur :
L’environnement est également un facteur important dans leur évolution. La ville n’offre pas toujours une vision agréable de la société. Les cités sont grises, bétonnées, bruyantes. Il n’est pas toujours facile de s’y sentir bien. Pourtant elles présentent un des principaux facteurs d’identification. En effet, bon nombre d’enfants vivant dans ces cités passent le plus clair de le temps à l’extérieur du groupe familial. Ceux qui ne trouve pas chez eux le soutien, le dialogue ou l’amour cherchent dehors à tisser de nouveaux liens. Ils se construisent en parallèle une nouvelle famille, un nouveau groupe où ils s’identifient mieux. Ils partagent ensemble le même mal de vivre, les mêmes craintes et les mêmes angoisses. Ils ont ensemble la même crise existentielle.
A l’école :
Cette notion de groupe est primordiale, elle répond à un besoin d’appartenance. Regroupés par affinité, par race, par cité, ils se créent leurs propres règles, leurs propres rites, leur propre culture. L’école se présente alors comme le point de rencontre des ces différents groupes. Ceux-ci ne se reconnaissent plus, ne communiquent plus mais s’affrontent et tentent de s’imposer aux autres.
L’utilisation de l’argot dans les cités où la création de mots compréhensibles uniquement par les membres du groupe traduisent une volonté de regroupement mais surtout de rejet des règles de la société. Hélas, ce choix leur revient comme un boomerang, ils ne sont pas compris par le monde des adultes et encore moins par celui du corps enseignant. Ces enfants se dirigent droit vers l’échec scolaire ce qui augmente bien évidemment leur mal de vivre.
Enfin, la différence n’est pas enseignée comme une richesse. Ils apprennent le racisme et la xénophobie. A l’école la physionomie joue un grand rôle. Peu de chance est laissée à celui qui est trop gros, trop petit, trop maigre ou encore à celui qui porte des lunettes, un appareil dentaire. A fortiori, celui qui possède un défaut de langage n’a aucune chance.